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Blog des Amis de LULINGU (RDCongo)

7 août 2019

Voyage à Lulingu - 2019

VOYAGE À LULINGU - ÉDITION 2019

Plus qu'une habitude, le voyage estival à Lulingu d'une délégation de la paroisse Saint-Étienne de Braine l'Alleud est devenu une tradition... Tradition attendue avec grande joie par nos amis Congolais.

Cette année, deux "anciens", le Père Alain et Mia, montrent le chemin à deux nouveaux pèlerins : Xavier et Brian. 

Bon safari à toute l'équipe...

 

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Au moment du départ, le 6 août au soir. Xavier est à droite, Brian est à gauche

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Quelques accompagnateurs sont venus les aider à porter les nombreux bagages et leur souhaiter bon voyage...


PS. L'avion a bien atterri à Kigali le 7, vers 7h00.


 

 

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1 mai 2019

Restaurations de l'église Sainte-Barbe au fil du temps

Église Sainte-Barbe de Lulingu

Les travaux de restauration de notre église paroissiale

Récit de l’Abbé Félix Ngongo, Curé de la Paroisse Ste Barbe de Lulingu

 Situation géographique 

LULINGU - Image satellite

La paroisse Sainte-Barbe de Lulingu située dans le diocèse de Kasongo fut créée le 6 août 1960, en la fête de la Transfiguration de Notre Seigneur. Elle se trouve à 605 km de Kasongo, siège épiscopal du diocèse, à 350 km de Bukavu, chef-lieu de la province, et à 550 km de Goma, à la frontière avec le Rwanda. 

Notre paroisse se situe dans un milieu très enclavé car les routes pour y accéder sont impraticables. Seule la voie aérienne permet une accessibilité relative (Lulingu-Bukavu). Le village souffre de l’insécurité due aux visites intempestives de diverses milices. La population vit essentiellement de l'agriculture et de l'élevage.

Origine de la fondation de la paroisse 

Les sociétés minières Cobelmin et Symétain voulaient la présence des Pères dans les camps. Ces sociétés construisirent dès lors des bâtiments et demandèrent à Mgr Cleire d’ouvrir une mission à Lulingu. Les responsables de ces sociétés pensaient que la présence des prêtres au milieu des habitants venus d’un peu partout contribuerait à calmer les esprits des travailleurs dans leurs revendications sociales et dans le désir d’accéder à l’indépendance du Congo. 

Après plusieurs hésitations et pour des raisons plus pastorales, Mgr Cleire finit par accepter de fonder la paroisse en 1960. Le père Coosman y fut nommé comme premier curé et fut rejoint par le frère Courtin.   

Les premiers travaux réalisés à l’église 

Dans ses mémoires, le père Adriaan Mertens raconte ceci à  propos des travaux réalisés dans l’église paroissiale : 

« Avec l’aide de nos paroissiens, nous avons remis à neuf l’intérieur de l’église. Tous apportèrent bénévolement de grandes pierres plates qu’ils trouvaient le plus souvent dans le lit des rivières, pour faire le pavement de l’église. COBELMIN nous prêta des maçons et nous offrit le ciment. 

Avec le bois que nous avions en réserve, nous avons fait fabriquer des bancs surbaissés. Jaime, qui était très artiste, peignit lui-même les vitraux. Du coup, notre église avait une toute autre allure : un pavement fait de pierres plates naturelles, les plus foncées sur les bas-côtés et les plus blanches au centre ainsi que dans le chœur et sur l’autel. De vrais bancs d’église où l’on pouvait s’agenouiller et s’asseoir et plus des troncs d’arbres comme avant.

Pour le tabernacle, j’avais martelé une plaque de cuivre que j’avais ornée d’une croix en bois d’ébène. Chacun tirait une légitime fierté du travail accompli, d’autant plus que tous ceux qui le pouvaient, avaient contribué à le réaliser. Par la suite, nous avons tout de même aussi dû avaler pas mal de critiques, mais cela c’est dans l’ordre des choses et cela n’a pas réussi à gâcher le plaisir que nous en avons éprouvé !

De nos jours encore, la paroisse de Lulingu peut s’enorgueillir de cette petite église, jolie et proprette. La photo ci-jointe montre le résultat obtenu grâce aux efforts conjugués de tous ceux qui y ont œuvré avec autant d’ardeur que de talent. Les gens étaient d’autant plus ravis que nous avions mis au point un système de distribution de «points» en fonction des travaux prestés par chacun d’eux. Ils pouvaient ensuite échanger ces points contre des vêtements, usagés mais en bon état, que les nombreux amis des Missions nous envoyaient de Belgique. Un jeune gars qui avait bien travaillé a pu ainsi se choisir un très beau costume. J’ai rarement vu quelqu’un montrer à quel point son choix le comblait de joie ! Et pour le reste, chacun pouvait choisir à son tour, en fonction du nombre de points qu’il ou elle avait mérités.

Avec ce système, personne ne pouvait se sentir lésé. Il n’est pas toujours facile de contenter tout le monde et si on se borne à tout distribuer sans discernement, on en arrive à se mettre des tas de gens à dos. C’est la même chose partout, en Belgique aussi ! Les gens qui en ont vraiment besoin n’osent pas le demander tandis que les profiteurs sont toujours à l’affut pour quémander et obtenir ce qui les tente. Si on ignore cela, on se laisse souvent berner. Notre principe consistait donc à ne «donner» qu’en contrepartie de services prestés ou à distribuer des parts égales à ceux dont l’état de nécessité était patent » 

Quelques photos de l’église dans les années 1960

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Première photo en couleur (sortie de messe)

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L'aménagement du choeur, avant l'aggiornamento du Concile Vatican II (avant 1964). Les vitraux ont été peints par Padri Jaki Morey. Le sol n'est pas encore pavé et on remarque les troncs d'arbres faisant office de bancs. 

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Premières transformations (1965) après le pillage total de la paroisse par la révolte muléliste de 1964.
On remarque les nouveaux bancs surbaissés et le sol pavé.

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L’église vandalisée en 2016 

En juillet 2016, l'église paroissiale a malencontreusement été vandalisée par des miliciens. Ceux-ci, s’imaginant que les anciens missionnaires pères blancs avaient enterré un trésor sous l’autel, ont saccagé les portes de l'église, le pavement du chœur, l'autel et l'ambon. Ils ont aussi gratté par-ci, par-là les murs de l'église sous prétexte de trouver des matières précieuses cachées par les Pères.

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Rénovations récentes (2018-2019)

Quelques temps après ces actes de vandalisme, nous nous sommes mis au travail pour réparer les dégâts commis et permettre ainsi de pouvoir à nouveau célébrer l’eucharistie dans notre église paroissiale.

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Nouvelle porte

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Et nouvelle sacristie

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Par après, c’est l’intérieur de l’église qui a été repeint

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Nous avons également pensé à enduire d’antirouille les tôles qui forment la toiture

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Et au moment où je vous envoie cet article nous entamons la construction de nouveaux bancs dont voici un modèle

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Pour conclure nous tenons à remercier très chaleureusement toutes celles et ceux qui par leurs dons nous aident à restaurer notre église paroissiale, ce lieu si important où chaque dimanche le Seigneur nous rassemble pour se donner à nous en nourriture dans sa Parole et son Pain de Vie ! 

                                                                                                                      Abbé Félix Ngongo


 

12 avril 2019

URAFIKI N°3

28 février 2019

Festival Amani de Goma

Festival Amani de Goma

février 2019

2ème participation du Groupe Malonga de Lulingu

par Claude Museme 

Port-folio

 Voir les images en portfolio

La VIème édition du Festival pour la Paix dans la région des Grands Lacs Africains s’est tenue à Goma (Nord-Kivu) du 15 au 17 février 2019 et y a accueilli 36.000 festivaliers.

Plusieurs artistes et musiciens sont venus des différentes provinces et villes de la RDC  (Nord-Kivu, Sud-Kivu, Kinshasa, Lubumbashi, Kisangani…) et de différents pays (Burundi, Cote d’Ivoire, Sénégal, France...).                                                                                                            
Parmi les Musiciens, on a noté la présence de deux musiciens congolais de renommée internationale : Fally IPUPA qui a « ouvert » le festival et YOUSSOUPHA qui l’a « clôturé »                                                                                           

Pendant ces trois jours de Festival, les spectateurs étaient au rendez-vous. Selon le directeur du festival, Guillaume Bisimwa, que nous avons interrogé à Goma, il y avait chaque jour pas moins de 13 000 spectateurs.

Parmi les groupes qui se sont succédé sur scène, le groupe Malonga de Lulingu a présenté des chants et danses traditionnels, devant le public présent en masse à ce festival.

Un voyage plein de suspense…

Lire la suite...

 


 

15 décembre 2018

Sur les traces des bienheureux martyrs d’Algérie…

Sur les traces des bienheureux martyrs d’Algérie…

Récit du Père Alain

Dans la foulée de la session des Waongozi à Lulingu de juillet 2018 sur les 19 martyrs d’Algérie, je me suis joint au pèlerinage organisé par Ictus Voyages pour participer à la béatification des 19 martyrs d’Algérie. Nous étions accompagnés par la présence chaleureuse et fraternelle de Mgr Georges Colomb, évêque de La Rochelle.

Quelques points forts de ce pèlerinage :

Tibhirine, lieu de paix et de sérénité

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Quelle paix et quelle sérénité règnent encore à Tibhirine ! Le monastère en est encore tout imprégné. Nous y avons été accueillis par un membre de la Communauté du Chemin Neuf. Cette communauté est présente au monastère depuis 2016.

Celui-ci attira notre attention sur les liens que les moines avaient tissés avec la population locale à travers le travail de la terre, l’école qu’ils avaient fondée pour assurer la scolarité des enfants des ouvriers agricoles travaillant au monastère et le dispensaire tenu par frère Luc, médecin. Cette ouverture du monastère fut encore élargie par le prieur, le frère Christian, dans son dialogue avec les musulmans.

Comme l’ont écrit le P. Thomas Georgeon et François Vayne dans leur livre « Tout simplement là », Tibhirine c’était une « présence silencieuse » qui est devenue « parole universelle ». Une présence qui se faisait accueil amical et fraternel, dans la certitude confiante que leurs voisins les accueillaient eux aussi. La rencontre avec l’autre se produisait dans la vie de tous les jours : c’était un dialogue de la vie, l’interculturalité et l’interreligiosité mises en pratique, à travers un échange de dons qui permettait à chacun d’affirmer sa propre identité.

Sur place, dans la chapelle du monastère, nous avons eu deux très beaux témoignages de membres de notre groupe qui vécurent un temps en Algérie. Tout d’abord celui de Jean-René qui dans le cadre de la coopération franco-algérienne fut enseignant chez les Frères Maristes à Alger. Il nous dit : « L’Algérie, j’y ai déposé mon cœur et je ne l’ai jamais repris. Chaque année, je viens revoir ceux que j’appelle non pas mes anciens élèves, mais mes enfants. »

Vint ensuite le témoignage de sœur Anne-Thérèse qui vit maintenant en France, mais qui était présente en Algérie pendant ce qu'on appelle la décennie noire, cette période de 1991 à 2002, au cours de laquelle l’Algérie entra dans une spirale de violence. Elle nous partagea ceci :

" Il y avait un réel climat de peur. Plus personne n’osait parler en rue. Jusqu’alors, tous les textes d'évangile qui parlaient de la peur, je les avais oubliés. Mais au moment où on a besoin des paroles d'évangile, elles sont là. (N'ayez pas peur, sois sans crainte petit troupeau...). Elle ajouta aussi ceci: la fragilité de l’Église d'Algérie a fait que les rapports hiérarchiques sont devenus simples et fraternels et qu'au sein de l’Église il n'y avait plus de divisions entre telle ou telle sensibilité (on ne pouvait pas se payer ce luxe) mais une Église de frères unis par amour du Christ. "

Une célébration eucharistique à la basilique Notre-Dame d’Alger

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Lors de la messe à la basilique Notre-Dame d’Alger, le père Raphaël Deillon, missionnaire d’Afrique, nous partagea dans son homélie un moment fort qu’il vécut lors de son ministère en Algérie. Écoutons-le :  

"Dans un contexte de très grande confusion et de peur provoquée par des assassinats aveugles, une réunion des responsables de congrégations religieuses présentes en Algérie s'est faite à Rome. C’était un dimanche de janvier 1995. Devant un parterre d’une quarantaine de supérieurs et supérieures religieux, les évêques d'Algérie durent s'expliquer sur « le banc des accusés »...  

J'avais accompagné les évêques jusqu'à Rome pour prendre quelque temps de repos après tant d'émotions et de fatigue puisque nous venions nous-mêmes de nous faire attaquer à Ghardaïa et que nous avions échappé à une mort certaine ... J’aime à rappeler le témoignage de la façon dont nos évêques ont pris la défense de l'Église en Algérie et de nos amis algériens car ce témoignage m'a fait honneur et chaud au cœur. 

Je vous situe d'abord la scène : nous étions dans cette salle de la maison généralice des Pères Blancs ; une bonne cinquantaine de personnes en tout. L'ambiance était lourde et les questions chargées de beaucoup d'animosité, d'incompréhension et d'amertume après les douloureuses pertes de nos frères et sœurs. Le Supérieur général des Pères Blancs s'est levé et avec un ton solennel a demandé aux évêques de bien vouloir exprimer leur "Credo". 

Les évêques se sont concertés et ont désigné amicalement le plus jeune d'entre eux : Mgr Claverie. En regardant ses auditeurs dans les yeux, voici ce qu'il a dit :   

"L'Église n'est pas une organisation internationale, ni une multinationale qui s'implante quelque part et qui retire son personnel quand ça ne va plus. C'est le lieu d'une Alliance passée entre le Dieu de Jésus-Christ et une humanité particulière. Les Chrétiens qui sont là, sont présents pour entrer dans cette Alliance. Quoi qu'ils fassent, ils sont là pour cette Alliance d'Amour avec cette humanité particulière. En entrant dans cette Alliance, chaque personne sait qu'elle devra y rester fidèle pour le meilleur et pour le pire. Quand on nous dit: "L'Algérie ne veut pas de vous !", ce n'est pas vrai ! Il y a, certes, des Algériens qui ne veulent pas de nous. Mais tous les autres, les 4000 qui pleuraient à Tizi-Ouzou leurs quatre Pères Blancs assassinés, les amis qui pleuraient à l'aéroport d'Oran le départ des Sœurs... Et tous les boiteux, les bossus, les aveugles, venus voir les Pères à Ghardaïa après qu'ils aient été attaqués ! Jésus s'est placé sur des lieux de fracture, là où c'était cassé, où il y avait une tension et il en est mort ! Si nous, Chrétiens, ne sommes pas présents sur ces lieux de fracture, eh ! bien, on n'est plus chrétiens. Fracture entre le Nord et le Sud, fracture entre les riches et les pauvres... Ce ne sont pas uniquement des vérités à chanter dans la liturgie, il faut les vivre ! 

L'Algérie aujourd'hui est brisée en deux. Pour nos 8 religieux tués (Il y en aura 11 de plus un an après et Mgr Claverie sera le 19e chrétien assassiné avec son chauffeur le 1er août 1996), il y a des dizaines de milliers de pères de famille, de jeunes, garçons et filles algériens qui sont morts, et nous, nous allons partir et rompre cette Alliance ?! On n'a plus rien à donner, mais il y a encore nos vies !"  

Le Supérieur des Pères Blancs, s'est levé, a fait une sorte de révérence qui voulait dire: cette fois je comprends et je  sympathise. La salle tout entière, restée muette pendant le "Credo" de Pierre Claverie, a senti passer un souffle d'amitié et de solidarité fraternelle qui a gagné tous les cœurs. L'ambiance tout à coup s'est détendue. On comprenait. On était d'accord, on applaudissait. 

Et moi, j'étais fier d'appartenir à cette Église qui acceptait de continuer la Mission qu'elle avait reçue de Dieu et de la continuer coûte que coûte. 

Et j'étais fier de nos évêques !  

Plus tard, ajouta le Père Raphaël, Mgr Claverie déclarera dans une interview : "Notre départ comme Église ne résoudrait aucun problème. Au contraire, il signifierait que nous acceptons le fait qu'il est impossible de s'entendre entre croyants de différentes confessions alors qu’il y a de magnifiques témoignages qui prouvent que c’est possible".

Veillée spirituelle à la cathédrale Sainte-Marie à Oran

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La veille de la béatification, le 7 décembre nous avons participé à une veillée spirituelle réunissant des chrétiens et des musulmans. Peu avant le début de cette veillée j’ai eu l’honneur et la joie de rencontrer le frère et la maman de Mohamed Bouchikhi, ce jeune algérien qui fut tué par le souffle d’une bombe en même temps que l’évêque d’Oran dont il avait voulu rester le chauffeur malgré les risques qu’il encourait. Un moment intense rempli d’émotions !

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La tombe de Pierre Claverie

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Rencontre avec la maman de Mohamed 

Une Église portée par des jeunes africains subsahariens

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Lors de cette veillée, un beau témoignage nous fut donné par Yvan et Brice, deux jeunes étudiants Camerounais sur l’Église d’Algérie. Ils sont en train de rédiger un livre intitulé : « L’Église d’Algérie, des jeunes s’expriment » pour répondre à leurs familles qui leur demandent : est-ce qu’il y a une Église en Algérie ? Quel est le vécu de cette Église ? 

Voici leur témoignage : 

«  En parlant de cette Église et en écrivant ce livre, nous voulons renvoyer l’image d’une Église accueillante de par la proximité de son clergé, nous voulons renvoyer l’image d’une Église qui est au chevet de tous, migrants comme étudiants, nous voulons renvoyer l’image d’une Église qui, bien que petite, est très présente et vivante où nous vivons des moments très fort comme des récollections, les journées algériennes de la jeunesse et bien d’autres encore. Il est aussi à signaler que ces moments forts que nous vivons marquent plus d’un et permettent de prendre des résolutions et de voir la vie différemment. De plus, nous voulons renvoyer l’image d’une Église exceptionnelle de par sa diversité et de par la valeur qu’elle prône : le vivre ensemble entre chrétiens et musulmans, l’amitié et l’amour. 

Cependant cette béatification de Mgr Pierre Claverie et de ses 18 autres compagnons tombe de manière providentielle car elle nous interpelle, nous en tant que jeunes étudiants subsahariens. Si nous partons tous de nos pays, de notre continent sans penser à revenir un jour pour le construire qui le fera à notre place ? Si nous partons tous et ne revenons pas qui sera plus apte que nous à se connecter aux réalités du terrain pour apporter les solutions qu’il faut ? Ainsi, c’est un fort beau message de fidélité que nous renvoient les 19 martyrs qui ont décidé de rester auprès de leurs amis malgré les différents problèmes et souffrances. 

Cette béatification, pour nous en tant que jeunes, nous renvoie un message aussi fort ; celui de la place incontestable de l’autre. A cet effet Mgr Pierre Claverie disait : « Je suis croyant, je crois qu’il y a un Dieu mais je n’ai pas la prétention de posséder ce Dieu-là, ni par le Jésus qui me le révèle. On ne possède pas la vérité et j’ai besoin de la vérité des autres. »

La célébration de la béatification des 19 martyrs d’Algérie

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Au matin du 8 décembre 2018, jour la béatification, Mgr Colomb a présidé la messe de l’Immaculée Conception en la cathédrale Sainte-Marie d’Oran. Après la messe, nous avons été conviés à un repas servi par des jeunes du diocèse d’Oran et qui nous a permis d’échanger encore avec eux. Ensuite nous avons pu suivre la célébration dans la cathédrale à partir de l’écran géant qui avait été installé par KTO.

La célébration de la béatification a admirablement mis en lumière l’amitié que ces 19 témoins de la foi ont voulu vivre avec leurs amis Algériens. S’ils sont béatifiés c’est-à-dire proclamés bienheureux par l’Église ce n’est pas parce qu’ils ont été assassinés, mais d’abord parce qu’ils ont choisi, aux heures du danger, de rester en toute liberté et conscience, malgré les risques, "auprès de l’ami malade, en lui serrant la main, en lui épongeant le front", comme l’écrivit Pierre Claverie après la mort des moines.

Comme le souligne si bien le père Pérennès, c’est le témoignage d’amour pour le Christ, pour l’Église et pour tout le peuple algérien qu’ils ont donné que l’Église veut reconnaître et célébrer en les donnant en exemple à l’Église universelle où tous ceux qui sont en chemin ont besoin de figures qui leur montrent la route.


 

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2 novembre 2018

10 ans de jumelage - vidéo souvenir

10 ans de jumelage

la vidéo souvenir

Image couverture vidéo 10 ans_txt

Vidéo anniversaire


 

25 octobre 2018

Lettre de l'abbé Félix

Lettre de l'abbé Félix

Le jumelage, ce bâti inlassable de communion entre nos deux paroisses

Par l’Abbé Félix Ngongo, Curé de la Paroisse Ste Barbe de Lulingu 

« Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde » (Mt 25, 34)

Ce passage de l’évangile est une parole d’espérance pour nous tous, chrétiens de Lulingu, exposés de manière permanente aux différentes attaques des forces négatives.                              

Ce message concerne également nos sœurs et frères de Braine-l’Alleud qui traversent aussi les situations difficiles de la vie comme les maladies à vie, l’abandon dû à la vieillesse et surtout la solitude…Cette parole d’évangile témoigne également de la proximité de Jésus avec son corps blessé et il nous pousse à rejoindre les périphéries. Ce jumelage entre deux paroisses marque cette interdépendance et cette solidarité entre Braine et Lulingu, qui doivent nous caractériser. 

Dix ans de vie de communion étroite entre nos deux paroisses (05/10/2008-05/10/2018).  Dix ans de jumelage, de témoignages de foi, d’ouverture spirituelle et culturelle entre la paroisse Saint-Etienne de Braine-l’Alleud et Sainte-Barbe de Lulingu. Cette dixième année coïncide avec les dix ans de sacerdoce de l’Abbé Félix NGONGO, curé de la paroisse Sainte-Barbe.

2018 est une année-mémorial. Une question m’a traversé l’esprit pendant cette année : « Que dois-je faire pour immortaliser ce souvenir ? » Cette coopération missionnaire entre Braine-l’Alleud et Lulingu a rendu possible ma visite à Braine-l’Alleud et mon pèlerinage à Rome. Que faire pour ceux qui n’ont pas eu ce moment favorable de visiter la tombe de Pierre ? J’ose croire qu’il ne faut pas perdre le souvenir de Braine-l’Alleud et garder vivante la mémoire de la paroisse Sainte-Barbe.

Revisitons un peu l’histoire de la paroisse de Lulingu. Lors de sa fondation en 1961, les pères missionnaires d’Afrique ont préféré construire l’église paroissiale et la cure en dehors du village et non en plein centre de celui-ci. Les chrétiens devaient dès lors tenir leurs réunions dans des maisons du village.

Rappelons encore que c’est depuis le 27 décembre 2014, en la fête de la Sainte Famille de Nazareth que l’Eglise famille de Dieu qui est à Lulingu n’avait plus accès à l’église paroissiale vu les innombrables exactions commises lors des affrontements opposant les forces armées congolaises aux milices d’autodéfense. Les prêtres furent obligés de fuir la cure et d’aller se réfugier dans le village auprès de leurs paroissiens. Par la suite, les prêtres trouvèrent refuge dans la maison des médecins située près de l’Hôpital Général de Référence. C’est cette maison qui sert aujourd’hui de cure.

Avant cela, cette résidence avait été confiée aux Sœurs du Divin Maître, en charge de la maternité, il y a de cela 24 ans. C’est là, dans cette maison transformée en cure, que nous présidions l’eucharistie, sous la véranda, faute d’avoir trouvé un endroit plus propice, pour les célébrations liturgiques. 

Messe sous la véranda

Célébration de la messe sous la véranda 

Par après le culte se déroula dans une salle de classe de l’école primaire Kasase. Lorsque cette salle dut être subdivisée en trois classes, vu l’afflux d’élèves, il nous fallut, de nouveau, comme des itinérants, chercher un autre endroit pour célébrer dignement l’eucharistie.

Célébration de la messe dans une classe de l'école primaire Kasese

Messe dominicale célébrée dans une classe de l'école primaire Kasase

Que faire alors ?

Après avoir prié, après avoir analysé minutieusement la situation, l’abbé Félix Ngongo, curé de la paroisse Sainte-Barbe a formé le projet de construire une chapelle capable d’accueillir le matin, les 100 à 150 personnes qui participent habituellement à la messe. Les enfants seraient ainsi à l’abri pendant les séances de catéchèse. Les répétitions de chants pourraient également s’y dérouler, tout comme les réunions et les autres activités paroissiales. Cette chapelle, construite à l’initiative du curé, est devenue un monument qui immortalise le jumelage entre les paroisses de Braine-l’Alleud et de Lulingu.

Comment procéder ?

Parce que les idées à elles seules ne suffissent pas et qu’il faut des moyens, j’ai pensé y intéresser mon confrère, l’abbé Alain de Maere, curé-doyen de Braine-l’Alleud, notre paroisse jumelle. Nous avons convenu que les paroissiens de Lulingu produisent les briques et s’occupent de l’achat des tôles et des clous tandis que la rémunération de la main d’œuvre allait être assurée par notre paroisse jumelle de Braine-l’Alleud. Commencés en février 2018, les travaux furent achevés en juillet de la même année. La nouvelle chapelle fut bénie par l’abbé Alain de Maere, le dimanche 22 juillet 2018.

Début de la construction de la chapelle

Les débuts de la construction de la chapelle

Comme le disait si bien Sa Sainteté le Pape Benoît XVI : « L’homme d’espérance, le chrétien ne peut se désintéresser de ses frères et de ses sœurs. Ce serait en contradiction avec le comportement de Jésus. Le chrétien est un bâtisseur inlassable de communion, de paix et de solidarité, ces dons que Jésus lui-même nous a faits. En y étant fidèles, nous collaborons à la réalisation du plan de salut de Dieu pour l’humanité » (Benoît XVI, Homélies, Bayard, Paris, 2012, p27)

Chapelle en cours de construction 

Par ce jumelage nous sommes en train d’expérimenter petit à petit ces belles paroles du Pape émérite, surtout quand nous réalisons que ces dix années,  nous ont fait découvrir deux grandes richesses : une richesse spirituelle et morale et une richesse matérielle et financière, qui ne cessent de marquer nos deux paroisses.

Pose de la porte 

1. Une richesse spirituelle et morale

Dans cette première richesse, nous ne pouvons pas taire la force d’âme qui unit nos deux paroisses, la force d’âme qui marque aussi les deux curés.

En effet, point n’est besoin de rappeler que Lulingu est complètement isolé et enclavé. La paroisse est vaste. Les routes sont dans un état de délabrement avancé. L’accès entre les villages est difficile. La misère sociale est perceptible. La piste d’aviation de Tchonka permet une liaison aérienne avec Bukavu. La population est pauvre et traumatisée par de multiples incursions et exactions des milices et des militaires.

Dans un esprit de famille et de fraternité, je pourrais dire sereinement que ce jumelage est une grande chance pour les chrétiens de Lulingu en dépit des aléas de guerres à répétition.

Nous vivons véritablement une expérience de marcher ensemble, un parcours solidaire, un cheminement. Comme sur tout chemin, il y a eu des moments d’enthousiasme et d’ardeur, d’autres moments de lassitude, comme amènent à dire que c’est assez. 

Il y a eu aussi des moments de profond réconfort en vivant par exemple la bravoure de l’abbé Alain et des chrétiens qui l’accompagnent. Nous avons déjà partagé des moments de consolation, de grâce et de réconfort. C’est un soutien moral et spirituel qu’on ne peut que louer durant notre premier mandat…

Voilà qui décrit bien cette richesse morale et spirituelle que nous ne voulons pas taire. Celle-ci, dans un esprit de prière et d’acceptation mutuelle, nous conduit à :

-          Renforcer la communion entre les chrétiens de nos deux paroisses

-          Approfondir le sens de la prière pour un chrétien digne de ce nom

-          Approfondir et échanger la Parole de Dieu et d’autres sciences humaines

-          Découvrir plusieurs richesses, des deux côtés, qui marquent les âmes de nos chrétiens de part et d’autre.

-          Recevoir plusieurs visites, tant de nationaux que d’étrangers.

2. Une richesse matérielle et financière

Ce deuxième aspect du jumelage offre une grande opportunité pour les chrétiens de Lulingu.

En effet, ce chemin de jumelage est aussi un chemin de solidarité et de partage. La foi se traduit à travers une communion, même au niveau matériel. De plus, les différentes sessions programmées presque chaque année renforcent les compétences des responsables locaux, prêtres et responsables des communautés, sans oublier les femmes. Ce partenariat entre nos deux paroisses s’effectue à tous les niveaux. Il éveille la communauté de Lulingu au progrès social, économique, scientifique, moral et spirituel.

Durant ces dix années, l’espérance fut ravivée dans la communauté paroissiale de Lulingu. Une attention particulière s’est focalisée sur la femme qui porte tout le poids du foyer et de l’économie informelle.

La femme est le poumon du progrès social et économique, l’étoile qui illumine la communauté, la source de l’éducation et de la formation, la gardienne et la protectrice du village et de la communauté, celle qui donne la vie et la protège, la voix qui véhicule les bonnes valeurs, etc.

Après enquête au sein des ménages, le lancement d’un projet de relance agricole dans Lulingu post-conflit s’est avéré réel et urgent, à cause de l’insécurité alimentaire. Trois volets en constituent les axes principaux : l’agriculture, l’élevage et la pisciculture.

Dans cette perspective, il s’en est suivi :

  • La distribution de semences maraichères et vivrières
  • La distribution de cobayes
  • La distribution d’alevins qui ont peuplé les 5 étangs
  • La mise à disposition de matériel agricole et piscicole
  • L’achat de 3 moulins de grande capacité pour moudre le maïs

Nous nous battons contre la tentation du paternalisme, c’est-à-dire de vouloir tout recevoir de la Belgique. Il faut remettre l’homme au travail pour qu’il trouve en lui-même une richesse à partager. C’est ça le vrai partenariat. Faire sortir les gens de cette mentalité d’assistance pour aller vers une auto prise en charge de l’Eglise par ses propres fidèles. Cela reste encore un long chemin à parcourir ensemble. L’homme est la route de l’Eglise, nous rappelait Jean-Paul II.

Le jumelage entre les deux paroisses investit dans l’homme, appelé à être témoin de la présence du Ressuscité au milieu de ses sœurs et de ses frères dans la foi, sans oublier les hommes de bonne volonté.

Je conclus en citant ces paroles de Benoît XVI : « Notre mission de ministre de Dieu est de veiller, de prendre soin du peuple de Dieu, d’être des éducateurs dans la Foi, en orientant, en animant et en soutenant la communauté chrétienne, pour que chaque chrétien, dans la mesure du possible , parvienne à l’épanouissement de sa vocation personnelle, à une charité sincère et active. » (Benoît XVI, Audience générale, mercredi 26 mai 2010).

Abbé Félix NGONGO


 

  

1 octobre 2018

Messe au chant du coq

Messe au chant du coq...

Messe au chant du coq

 

Les images ont été filmées en juillet 2018 à Lulingu. 

La messe du matin est célébrée à l'aube, alors que le jour se lève. Dans la chapelle, où seules les bougies apportent un peu de lumière, les fidèles sont nombreux. Ce jour-là, on fêtait les 19 martyrs d'Algérie, représentés sur l'autel par 19 bougies. Cet éclairage "renforcé" a permis de prendre ces images et d'enregistrer ces chants.

MESSE AU CHANT DU COQ


22 septembre 2018

INVITATION - 10 ans de jumelage

Paroisses Saint-Étienne de Braine l'Alleud
et
Sainte-Barbe de Lulingu (RD Congo)
2008 - 2018

INVITATION

VENEZ FÊTER AVEC NOUS LES 

10 ANS DE JUMELAGE

LE SAMEDI 13 OCTOBRE 2018 À 18h00

À L'ABBAYE DE BOIS-SEIGNEUR-ISAAC

Tous les détails sur le flyer ci-dessous

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 Télécharger l'invitation


 

21 septembre 2018

Rapport de mission agricole

PROJET AGRICOLE

Installation d'un moulin à maïs à KATCHUNGU/LULINGU

par Claude MUSEME
Consultant en Développement rural (Bukavu)

 Rapport de mission - 1ère page

Projet Agriculture - Rapport de mission 2018 - format PDF

Rapport de mission 2018 - format Flip Book 

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Les photos du moulin de Katchungu


 

5 septembre 2018

Récits de voyage 2018 (3)

Cette année ce sont Mia, Pascale et le P. Alain qui se sont rendus à Lulingu du 20 au 27 juillet 2018. Il fallait en effet attendre que l’abbé Félix, curé de Lulingu, soit rentré de Kampene où avait lieu le dimanche 14 juillet, l’ordination diaconale du séminariste John Dunia qui avait fait son stage pastoral à Lulingu.

Que retenir de cette semaine à Lulingu ? La question a été posée à Pascale, Mia et au P. Alain.

Voyage 2018 à Lulingu 

Récit du Père Alain

 

Une session pour les responsables des succursales de la paroisse

Lors de notre séjour à Lulingu s’est tenue, comme chaque année, une session pour les Waongozi c’est-à-dire les responsables des succursales de la paroisse de Lulingu. 

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Les Waongozi en session

La session avait pour thème : « Les 19 martyrs d’Algérie, un encouragement pour notre mission »

La vie donnée de ces 19 témoins qui seront prochainement béatifiés est en effet un encouragement à rester fidèle à la mission chrétienne d’être signe de l’amour gratuit de Dieu pour tous. Les martyrs d’Algérie étaient en effet au service de toute la population algérienne et pas seulement des chrétiens.

Un encouragement à tenir bon dans les difficultés liées à l’insécurité permanente. Face à tous les dangers liés à cette insécurité, les martyrs d’Algérie n’ont pas fui, ils n’ont pas abandonné les personnes qui leur étaient confiées. Ils se sont ainsi montrés de vrais pasteurs et non des mercenaires.

Un encouragement à être présent près de la croix des crucifiés d’aujourd’hui pour être signe que Dieu n’abandonne pas les siens dans la souffrance. 

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Au terme de cette session, tous les responsables des succursales de la paroisse ont dit à quel point ils se sont sentis rejoints par ce qu’ont vécu les martyrs d’Algérie. Eux aussi et leurs communautés sont confrontés de façon récurrente à l’insécurité. Ils ont puisé dans l’exemple des martyrs d’Algérie force et courage pour être fidèles à leur mission.

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Photos du P. Alain en Port Folio

  (113 photos)


 Commentaire :

Fabien Mwali_IMG_20180701_111513_rr

9.10.2018

oui oui, j'avais déjà regarder ça fait 76  photos que tu avait mis sur le blocs de lulingu si je ne m trompé pas. C'était magnifique padri. Vraiment j'avais vu encore nos famille de lulingu ça me fera du bien dans mon cœur... Chaleureusement salutation à notre maman mia, Jean-Baptiste... Je vous aimés vous tous Que le bon Dieu vous bénisse abondamment. Et merci aussi pour mes répondre à mon adresse e-mail que le bon Dieu augmente de plus en plus notre amitié.

Fabien


 

30 août 2018

Récits de voyage 2018 (2)

 

Par Pascale de Viron

Cette année, j’ai eu la chance d’accompagner Mia et l’abbé Alain à Lulingu. Expérience inoubliable, ce furent mes premiers pas en Afrique centrale.  Les rencontres et les découvertes y furent multiples et enrichissantes.  Voici le compte  rendu de quelques-unes.

Des paysages multiples et variés

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Professeur de géographie, je découvre ce monde de la forêt équatoriale primaire sous la saison sèche.  Qui dit saison sèche dit beaucoup de poussière et je m’attends à un ciel brouillé de poussières. Or, il n’en est rien, nos journées sont généralement ensoleillées,  agrémentées de températures souvent bien plus douces qu’en Belgique où règne la canicule.

La forêt équatoriale de cette région du Kivu est grande, composée de sous-bois et de grands arbres aux espèces aussi variées qu’inconnues de nos contrées. Cette nature luxuriante peuplée de bruits tantôt mélodieux tantôt étranges, est pour moi une réelle découverte.

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Tout autre paysage mais aussi enchanteur est  le lac Kivu.  Son étendue calme et reposante contraste avec la ville de Bukavu, grouillante de monde, aux maisons adossées aux collines et imbriquées les unes aux autres.

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Pirogue sur le Lac Kivu                                                             Lac Kivu

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Rue de Bukavu 

L’accueil de notre délégation à son arrivée à Lulingu. 

A peine atterris à l’aéroport de Tshonka, chants, danses nous accueillent.  Plusieurs habitants de Lulingu sont là, dont certains ont fait plus de 35 km à pied  pour fêter notre arrivée.  

 

Revenus tout juste de 600km de piste en moto, l’abbé Felix et  son nouveau vicaire, l’abbé Guillaume nous offrent leur hospitalité.  Ils nous ouvrent leur maison et font en sorte que nous nous sentions chez nous, en mettant tout en œuvre pour que nous ne manquions de rien.  

Malgré les activités nombreuses, ils veillent à ce que nous profitions de moments de repos et de calme ce qui me permet de vivre le moment présent avec sérénité.

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Équipe veillant à notre sécurité et confort : Emmanuel, Justine,...

 

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Les Abbés Félix et Alain échangeant sur les lois de la basse-cour

C’est aussi l’occasion de déguster  des mets « bio et local » comme les vers de palmiers grillés ou le cobaye sauce moambe.

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Vers de palmier

Un matin, les mamans viennent nous rencontrer et nous offrir quelques présents : un coq, de la farine, des amarantes. Danses, chants, présents, prières en commun, animent notre rencontre. Tout est remerciement et louange  à Dieu pour notre présence.  Comme quoi tout n’est pas que demande en Afrique.

Rencontre avec le groupe des veuves

Accompagnée de l’abbé Guillaume (le nouvel aumônier du groupe), je partage durant deux heures les joies et préoccupations des veuves de Lulingu. 

 

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Groupe des Mamans

Leur statut est bien précaire : à la mort de leur mari, elles n’héritent de rien, tous les biens vont aux enfants, à eux d’entretenir leur mère.  Souvent les conditions précaires de la famille ou les mésententes les laissent livrées à elles-mêmes et elles doivent se débrouiller seules.  Cultiver un champ, élever des cobayes sont des tâches  rendues pénibles par l’âge, la maladie, le découragement.  En cas de maladie, les veuves tardent à se rendre à l’hôpital par manque de revenus.  Elles s’estiment mal soignées, car les médecins et les infirmiers ne prennent pas en considération leur mal, le jugeant normal pour une personne âgée. Vu leur grand âge, ils n’estiment pas très utile d’y apporter le réconfort nécessaire.

Le groupe des veuves permet à chacune d’elle d’être écoutée, aidée, soutenue et de retrouver un peu de dignité. Ensemble, elles cultivent un champ communautaire et certaines se débrouillent très bien dans l’élevage de cobayes.  Ensemble, elles parviennent à améliorer leur quotidien. 

Projet de relance agricole 

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Depuis quatre ans, le projet agricole est mis en place.  Grâce aux dons récoltés par la paroisse Saint- Etienne de Braine-l’Alleud, plusieurs axes sont développés.  Cette année nous apportons un nouveau moulin à maïs pour Katchungu.  Reste à charge de la population  le transport jusqu’à ce village situé à plus de 35 kilomètres de là. Comment transporter ces 200 kg sur la piste ? En vélo ? En moto. Après de nombreuses palabres et pesées, il sera acheminé par camionnette quinze jour après notre départ. 

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Cette année, le projet agricole se consacre à la construction de cages pour les cobayes afin de faciliter leur élevage et les protéger des prédateurs. Des compostières destinées à enrichir le sol des potagers sont aussi construites.

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Le travail est lancé, il faut le poursuivre …Gageons que l’année prochaine, on trouvera une compostière dans tous les potagers et une cage dans chaque maison.  

Partage sur les 10 ans du jumelage avec les Waongozi
et les communautés de Lukala et Tshonka.

 

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Poster 10 ans de jumelage

Ce poster amené dans nos bagages (et laissé sur place) est notre base de travail pour mettre en évidence les apports du jumelage entre la paroisse Saint-Etienne de Braine-l’Alleud et la paroisse Sainte- Barbe de Lulingu.    Une des joies les plus souvent citées est celle de recevoir une délégation de Belgique chaque année.  Pour cette région enclavée, oubliée de tous sauf des bandes armées qui sèment la terreur sur les pistes ou lors des pillages, c’est un élément essentiel qui les aide à vivre ces réalités parfois bien compliquées. Quelle joie de partager ensemble l’évangile, de se ressourcer, de célébrer l’eucharistie, sans oublier les conseils de l’expert agricole Claude Museme.  

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Travail en carrefour sur les 10 ans du jumelage

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Communauté de Lukala

La session sur les 19 martyrs d’Algérie

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Les prières spontanées en fin de session me permettent de comprendre combien chacun de nous peut être rejoint par les vies données des martyrs d’Algérie.  Beaucoup de waongozi (responsables de succursales de la paroisse) épinglent le courage des missionnaires, leur ténacité dans une situation pas si éloignée de la leur (insécurité, incompréhension de leurs proches, isolement…)  Je suis frappée par l’amour qui animait ces missionnaires, amour pour les Algériens, les musulmans, l’Islam, amour marqué par des gestes quotidiens dans le respect de  la culture et de la religion de chacun. 

Le festival Amani

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Groupe LG Music

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Remise des médailles du mérite agricole par l'Abbé Félix, Claude Museme  et Mia

Deux après-midi de suite des jeunes chantent et dansent pour la paix à Lulingu. Des jeux entrecoupent les morceaux.  Avec l’abbé Guillaume nous mettons à  l’épreuve les enfants de 6 à 18 ans en testant leurs connaissances en géographie d’Afrique et du monde.  Mia, l’Abbé Félix et Claude remettent les médailles du mérite agricole aux meilleurs cultivateurs et éleveurs. 

DE BEAUX MOMENTS VÉCUS ÉGALEMENT À BUKAVU

Rencontre avec les enseignants de Bukavu 

Avec les enseignants de la paroisse de Buholo du père Xavier Biernaux à Bukavu, nous animons, l’abbé Alain et moi, une matinée de récollection.  A partir de l’évangile des disciples d’Emmaüs, nous découvrons la pédagogie de Jésus : cheminement, écoute, partage des connaissances, effacement afin que l’autre puisse prendre ses responsabilités et son envol. Si nos réalités pédagogiques se rejoignent souvent, les réalités matérielles sont bien différentes.  Les élèves congolais de cette école primaire ne fréquentent l’école que le matin, suivis l’après-midi, dans les mêmes classes, par des élèves du secondaire.  L’enseignant a peu de matériel à sa disposition : un tableau noir, quelques craies, quelques livres.  Sa classe est composée de 40 à 50 élèves (bien loin de nos maximum 25 élèves par classe)  et souvent, lui comme ses élèves, arrivent en classe le ventre creux. Bien qu’étant très peu payés et  ne recevant même souvent pas leur salaire, les enseignants aiment leur métier, sont fiers de leurs élèves et aspirent pour eux à un monde plus juste, plus équitable, construit grâce  aux armes de l’instruction.

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Rencontre avec des enseignants de la paroisse Sainte-Trinité à Buholo (Bukavu) 

Messe dominicale à la prison de Bukavu 

L‘Abbé Adrien Cishugi, aumônier de la prison, nous invite à participer à la messe dominicale dans la prison de Bukavu.  Cette rencontre est des plus marquantes.  Célébrée dans la cour centrale de la prison, où tous les prisonniers passent leur journée, la messe est dite dans un bruit de fond constant puisque c’est le lieu de vie de tous les prisonniers.  La célébration  est pourtant très priante et participative : chorale, servants de messe, danseur lors de l’offrande. 

Dans ce lieu si sordide où la promiscuité est omniprésente : 1700 prisonniers enregistrés pour une prison prévue pour 400 personnes, des cellules où l’on s’entasse à plus de 100 alors qu’elles n’offrent que 40 lits…, cette promiscuité entraine la violence et l’irrespect de soi. Malgré tout, nous y découvrons des hommes qui ne se laissent pas abattre.  Que leur peine de prison soit juste ou non (certains sont accusés à tort et sans jugement) ils se prennent en main, décident de s’investir dans la vie de la prison en utilisant leur capacité de médecin, de cuisiniers, de formateurs, de choristes  afin d’y apporter un peu d’humanité. 


 

Les Photos de Pascale en Port Folio

Séjour à Kigali et visite du Parc de l'Akagera 

(98 photos)

À Bukavu 

(61 photos)

À Lulingu

(169 photos)


 

20 août 2018

Récits de voyage 2018 (1)

LULINGU 2018

RÉCITS DE VOYAGE

par Mia CRABBE 

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Pour moi, chaque année, le voyage au Congo est toujours un lieu de rencontres et d’accueil qui nous met en lien avec beaucoup de personnes. Que ce soit au Rwanda avec la famille de Cyprien,  à Bukavu avec Sœur Natalina, mama Matilde , le père Xavier , l’abbé Adrien  et tant d’autres,  nous sommes heureux de les retrouver et de partager le vécu au fil des années de toutes ces vies engagées rencontrées grâce au jumelage avec Lulingu. 

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Ce fut une grande joie de retrouver la population de Lulingu. 

Cette année, je voulais surtout travailler avec  Claude (responsable) et les vulgarisateurs afin de faire le point après 4 années d’existence du projet d’agriculture. 

Déjà à Bukavu avec Claude nous avons analysé les progrès, les difficultés, les améliorations à faire.  

Ce que j’ai constaté lors de cet été 2018, c’est combien les vulgarisateurs sont investis dans ce travail d’accompagnement. Vumilia, Désiré, Donatien marchent beaucoup, de 20 à 30km pour aller à la rencontre des familles et leur prodiguer des conseils. 

Ensemble, nous avons vu comment entrer plus dans le concret, impliquer les familles dans la recherche de solutions pour produire mieux et plus. Notamment, en  faisant avec eux des  cages pour les cobayes, des compostières pour améliorer la terre des jardins… Mais aussi, en amenant les enfants à participer aux soins à donner aux cobayes (recherche de nourriture…) 

 

 

Construction de cages à cobayes 

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Construction de compostières

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<===  Récolte des semences d'amarante

Ensuite, nous avons vu la bonne marche des 2 moulins à maïs en place à Lulingu et Lukala depuis presque 2 ans : ils fonctionnent de manière tout à fait autonome et desservent  toute la population proche. Pour la première fois, les vulgarisateurs ont pu acheter sur place des semences de mais, haricots et arachides  pour étendre le projet à d’autres familles.

Nous avons vécu la joie et l’enthousiasme de la délégation de Kachungu venue accueillir le moulin qui leur était destiné.  Le formateur viendra avec Claude pour l’installation, la formation et la mise en route du moulin fin août. La communauté de Kachungu se préparait déjà depuis un an pour recevoir ce moulin : construction de l’abri, formation de la commission de gestion, semis et récolte de maïs, collecte des fonds pour payer le transport de l’aéroport à Kachungu .

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Malgré l’insécurité permanente, la sécheresse, actuellement, le projet soutient  501 familles, soit une population de 3507 personnes. Cela peut paraître un chiffre dérisoire face aux nécessités du milieu. Beaucoup de progrès sont encore à faire mais nous sommes en marche. Toutes ces familles, grâce au projet, ont un repas par jour garanti. Les parents peuvent payer la scolarité de leurs enfants. 

Mia Crabbe


 Les Photos de Mia en Port Folio

(134 photos) 


 

1 juillet 2018

URAFIKI N°2

URAFIKI N°2

"JOURNAL DU JUMELAGE"

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URAFIKI N°2

(format Flip Book)

ou

format "Pleine Page"


 

1 avril 2018

URAFIKI N°1 - "Journal du Jumelage" - est paru

"URAFIKI"
(amitié en kiswahili)
Le nouveau "Journal du Jumelage" est paru

N01-001 

URAFIKI N°1

(format Flip Book)

ou

format "Pleine Page" 

 

On l'attendait et, enfin !... il est là !... Les motifs de satisfaction se bousculent : 

Imprimé sur du vrai papier !!! Un peu saturés de lectures sur écrans de tous formats, on retrouve le plaisir tout simple de feuilleter les quelques pages de ce premier numéro ; le plaisir de constater que les nouvelles sont fraîches... ; de lire et relire tel article ; de pouvoir partager cette lecture avec des voisins, des amis... ; d'apprécier une mise en page résolument "actuelle" ; de noter avec satisfaction que, dès ce premier numéro, près de 10 rédacteurs ont contribué à donner vie à ce nouveau lien qui, certainement, va encore rapprocher ici de là-bas, eux de nous, ... On imagine déjà que, bientôt, dans chaque shirika (succursale) de la très étendue paroisse de Lulingu, le "Journal du Jumelage" sera attendu avec impatience... 

Vous désirez participer à ce nouveau projet en rédigeant un article ou en faisant un commentaire ou une suggestion ? Vous souhaitez savoir comment recevoir votre exemplaire ? Comment "aider" ? ... Bientôt, ici, et dans le n° 2 du "Journal du Jumelage", la réponse à toutes ces questions...


 



25 janvier 2018

RIP Christian Kusambuki

R.I.P. Christian KUSAMBUKI 

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Une Messe à sa mémoire sera dite en l'église Saint-Etienne de Braine l'Alleud (BE) :

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25 décembre 2017

NOËL 2017

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En avant ! pour une bonne et heureuse nouvelle année ! 


NOËL 2017 - NOUVEL AN 2018

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Pour que le Congo retrouve vite la Paix...
une Paix fondée sur le respect mutuel...


NOËL SOUS LA NEIGE

Snow Angel 

Cliquer sur le lien : 

"SNOW ANGEL"


 

21 octobre 2017

Voyage en Europe de l'abbé Félix - Curé de Lulingu

VOYAGE EN EUROPE DE L'ABBÉ FÉLIX

Contexte 

Le jumelage a pour but de nous soutenir dans la mission que le Christ confie à son Église, d’être signe de sa présence partout dans le monde.

Cette mission, qui est la même pour chaque paroisse, s’exerce toutefois dans des conditions qui peuvent être fort différentes d’une région, d’un pays ou d’un continent à l’autre. Grâce au blog des amis de Lulingu, nous nous en rendons compte au travers des récits qui s’y trouvent.

Lors de son séjour en Europe du 21 octobre au 20 novembre 2017, l’abbé Félix Ngongo, curé de Lulingu, a pu découvrir de plus près la paroisse Saint-Etienne de Braine-l’Alleud et faire découvrir la paroisse Sainte-Barbe de Lulingu grâce à toutes les célébrations, rencontres, visites auxquelles il a pris part. Son séjour en Europe ne s’est pas limité à Braine-l’Alleud comme vous pourrez vous en rendre compte en lisant ci-dessous le récit de l’une et l’autre de ces activités programmées au cours de sa visite :

 

Rencontre avec le Saint-Père lors de l'Audience Générale 
du 15 novembre 2017

KTO - vidéo de l'Audience Générale

ou : https://youtu.be/7FbJMir3BK0

Voici quelques photos du voyage à Rome de l'abbé Félix en compagnie de l'abbé Alain de Maere. Le Pape François a eu un long échange très amical avec nos amis : il sait maintenant que Lulingu existe et, à travers l'abbé Félix, il a béni toute la population de Lulingu et aussi celle de Braine-l'Alleud... On le voit bien sur ces images...

 

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Notre visite à la Cour pénale internationale – La Haye aux Pays-Bas 

par Martine Risselin

CPI La Haye

Tous très enthousiastes à l'idée de découvrir la Cour pénale internationale dont on parle souvent aux informations, l'abbé Alain de Maere de la paroisse Saint-Etienne de Braine-l'Alleud ( Belgique ), l'abbé Félix Ngongo de la paroisse Sainte-Barbe de Lulingu ( République démocratique du Congo ) et notre petit groupe de 17 personnes sommes partis de bon matin pour nous rendre à La Haye, capitale administrative des Pays-Bas. 

Située à plus de 10.000 kilomètres de la République démocratique du Congo, cette juridiction internationale permanente dont 123 Etats membres ont accepté la compétence, juge les auteurs des crimes les plus graves qui puissent toucher l'humanité ( crimes de guerre, de génocide et crimes contre l'humanité ). Sa mission est également de relayer les juridictions nationales qui pourraient éprouver des difficultés à juger ces crimes sur leur territoire. 

Il ne faut donc pas s'étonner que derrière sa majestueuse et très moderne architecture, se cache « un millefeuille » de mesures de sécurité : présentation de notre carte d'identité, passage d'un premier portique de sécurité, formulaires dûment remplis, badge autour du cou, dépôt de nos manteaux, sacs et appareils électroniques, passage d'un deuxième portique, enregistrement de nos badges avant de pouvoir enfin atteindre le coeur de la Cour. Un agent de la sécurité nous aide d'ailleurs à pousser la dernière lourde porte transparente pour pouvoir entrer dans la galerie aux épaisses vitres de verre suspendue au-dessus de la salle d'audience n°1 déjà en plein travail ! 

Le lieu est impressionnant et solennel ! Les gradins disposés dans cette gigantesque cage de verre permettent de voir les différents magistrats portant la toge aux revers satinés bleu roi et rabat blanc, les représentants du Bureau du Procureur, les avocats des victimes, de la défense ainsi que les deux accusés, qui sont là présents pour être jugés, à savoir l'ancien Président de la Côte d'Ivoire et son ancien ministre de la Jeunesse, tous deux poursuivis notamment pour actes inhumains et de persécution dans le contexte de violences post-électorales en Côte d'Ivoire en 2010-2011. 

Nous marchons «  à pas feutrés » avec pour objectif de nous asseoir le plus discrètement possible en nous dispersant pour ne pas gêner la concentration des membres de la Cour. Chaque siège dispose d'un casque permettant d'entendre les interprètes car le témoin interrogé, les avocats et les magistrats s'expriment en anglais et /ou en français. 

Nous sommes immédiatement transportés par et dans le récit de ce témoin dont le visage apparaît aussi sur les deux écrans disposés de part et d'autre de la galerie. Il est question d'un marché où ont eu lieu des atrocités dont le massacre d'un groupe de femmes. On y parle d'armes cachées, d'ordres donnés, de plusieurs contradictions avec les dires d'un autre intervenant. 

Notre petit groupe observe avec attention cette façon si particulière qu'ont les avocats de citer les références des différentes pièces et conclusions de ce dossier titanesque, par l'extrême précision des termes utilisés ainsi que par l'importance du langage corporel notamment du témoin qui doit  répondre aux questions posées par les avocats, les représentants du Bureau du Procureur ainsi que par la Cour. 

De temps en temps, l'audience est entrecoupée de suspension d'audience et de huis clos. 

Notre petit groupe se retrouve alors à la cafétaria de la Cour avec le besoin d'échanger ses impressions à propos de ce que l'on vient de voir et d'entendre. 

Mais l'audience publique reprend et nous sommes de nouveau invités à repasser le deuxième portique de sécurité avec un nouvel enregistrement de nos badges et bien sûr à faire silence. Les agents de la sécurité veillent soigneusement au respect des règles d'usage. Nous devons rester attentifs, nous ne pouvons ni parler, ni montrer du doigt, ni lire et ni écrire par respect pour le travail de la Cour ! 

D'autres procès sont toujours pendants devant la Cour, notamment contre des ressortissants de la République démocratique du Congo et de l'Ouganda mais pas ce jour ! Il faudra revenir ou consulter le site internet de la Cour qui retransmet, via ses caméras, les audiences publiques dont voici le lien https://www.icc-cpi.int/ 

Après ces moments empreints de gravité, nous quittons les murs de ce gigantesque « coffre-fort » avec le sentiment que même si certains poids lourds comme les USA, la Chine, la Russie, l'Inde n'ont toujours pas accepté la compétence de cette juridiction, ici, à la Haye, mettre fin à l'impunité concernant les crimes les plus graves touchant l'ensemble de la communauté internationale est au coeur des débats ! 

Martine Risselin


Visite au Collège Cardinal Mercier
par David ROSANO

 

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Le mercredi 25 octobre 2017, de nombreux élèves du Collège Cardinal Mercier ont eu le plaisir d’accueillir dans leur classe le Père Alain accompagné de l’abbé Félix. 

L’abbé Félix, curé de Lulingu dont la paroisse est jumelée avec celle de Saint-Etienne, est venu pour faire découvrir sa région, sa paroisse (grande comme la Province de Liège), la vie des enfants de sa localité, répondre aux questions des enfants mais aussi découvrir le quotidien des enfants d'ici. 

C’était son premier voyage en Europe et quel voyage !
Père Alain lui avait préparé un Agenda bien rempli.
Une des premières étapes était justement l’arrêt au Collège Cardinal Mercier pour y rencontrer les élèves et les enseignants. 

Quand l’abbé Félix est rentré dans la classe, j’ai tout de suite remarqué son grand sourire ! 

Nous avons visionné sur le tableau interactif les photos de Lulingu. 

Les enfants ont pu poser toutes leurs questions.

- Caroline ? Que fais-tu sur la photo ?
- J’étais allée accueillir l’abbé Félix à Zaventem ! 

Ils ont rapidement fait le lien avec les photos des enfants de l’école de Lulingu qui se trouvaient sur la porte d’entrée, aux côtés des autres anciennes photos de classes de la 4e D. 

L’abbé Félix semblait lui heureux de découvrir des enfants qui s’intéressaient à la vie de chez lui. 

Il a semblé tout aussi heureux de voir en classe les traces bien visibles des collaborations qui se sont établies au fil du temps entre les élèves du Collège et les enfants de par chez lui.

(Courrier, photos, objet de fabrication locale …) 

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Après la visite en classe, nous nous sommes retrouvés à la salle des professeurs.
Là aussi, c’était une drôle de découverte pour l’abbé Félix…

La fameuse salle des professeurs et sa bande de joyeux lurons !
Le Père Alain a présenté l’Abbé Félix et nous a invité à venir l’écouter lors de sa conférence à la Cure.

Je serais bien allé l’écouter me suis-je dis … Mais le temps … C’est toujours la course toute la semaine… 

Quelques jours plus tard, j’ai encore reçu des nouvelles de l’abbé Félix au détour d’un cours de tennis… Cette maman d’élève m’annonce : 

« L’abbé Félix va partir visiter le tribunal pénal de la cour internationale de justice et même aller jusqu’au Vatican !!! »

Quel grand voyageur dis-donc !
Cela me donne l’envie de venir l’écouter lors de sa conférence !

Et j’ai eu raison… Sa conférence est passionnante.

L’abbé Félix se révèle être un vrai Indiana Jones… Pas celui du cinéma… 

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Un vrai avec de réels dangers et une vraie mission divine !

Cette soirée s’est terminée sur un mini débat passionné entre quelques intervenants venus l’écouter.

Sentiments d’impuissance, de colère et de révolte d’un côté….
Construire, espérer, et persévérer de l’autre…

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Et puis, pour finir, le lumineux sourire de Mia qui vient apaiser la colère en moi face à tant d’injustices que vit l’Afrique et le monde à cause du dieu l’argent.

Content de t’avoir revu Mia comme d’autres visages familiers de la paroisse…

Gaëtan, Cyprien, Marie, Caroline, ses parents et tous les autres J

Merci à l’Abbé Félix d’être venu jusqu’à nous.
Merci pour les missions formidables de courage qu’il effectue auprès de ses paroissiens.
Merci au Père Alain qui en bon pasteur, rassemble inlassablement son troupeau en créant du lien entre les gens d’ici et de là. 
Il ne nous abandonne pas, il vient nous chercher, nous met en marche et en relation avec à chaque fois de nouveaux compagnons de route toujours plus nombreux !

Merci ! Et joyeux Noël !

David

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Visite au Collège Cardinal Mercier (suite) 

Dernière journée d’école avant les vacances de Toussaint, nous voilà déjà en vacances grâce au Père Félix qui nous emmène au Congo… 

Son témoignage nous a captivés… Partir à pieds pendant plusieurs semaines, 50 km par jour, traverser la forêt en bravant les dangers pour aller à la rencontre de personnes et se faire proche d’eux. Être signe de la présence de Jésus parmi eux.    Le Père Félix nous a partagé sa mission avec beaucoup d’humour et d’entrain. 

Ensuite, un échange a eu lieu. Il a interrogé les jeunes sur leur manière de vivre : l’école, la famille, la foi… Un moment riche. Je découvre aussi moi-même certaines réalités de mes élèves. 

Comme le partage Lina ci-dessous, cela me donne envie de découvrir ce pays et surtout de rencontrer les personnes qui ont l’air de rayonner de joie même si la vie n’est pas toujours simple et facile. 

Merci Père Félix pour votre passage dans les classes de 1L et 1J ! 

Merci Père Alain de nous avoir permis cette rencontre. Depuis plusieurs années, nous avons la chance que notre école soit en lien avec la paroisse Saint-Étienne. Joie que ce lien s’est élargi au Congo ! 

Merci aux élèves de 1L et 1J qui ont été accueillants, réceptifs et participatifs ! 

Merci à Celui qui permet de vivre de si beaux moments simples et vrais ! 

(Marie-Cécile Denis, professeur au CCM)

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Au début, j’étais très surprise que le Père Félix soit venu jusqu’en Belgique. Mais je trouve ça vraiment chouette. J’ai beaucoup aimé quand il nous expliquait ce qui se passait là-bas car j’arrivais à m’imaginer ce qui se passait. J’avais déjà envie d’aller en Afrique, mais là avec tout ce qu’il a expliqué, j’ai encore plus envie. J’ai beaucoup aimé ce moment et ses histoires.  (Lina, élève de 1ère du CCM)

 *****

J’ai bien aimé la personnalité du Père Félix et les histoires de son pays. J’ai retenu que même si la vie n’est pas facile, il faut quand-même garder le sourire. (Alyssia élève de 1ère du CCM)


Séjour en Normandie

à Criquebeuf-en-Caux

Félix en Normandie

Durant le dernier week-end des vacances de la Toussaint, l’Abbé Félix est arrivé chez nous (Pascale, 59 ans et Jean-Baptiste, 26 ans) en Haute-Normandie dans notre maison familiale, emmené par Jean-Baptiste. N’ayant jamais vu la mer, nous lui avons fait découvrir les côtes normandes et leurs falaises de craie. Normandie oblige, l’Abbé Félix aura fait cette découverte sous tous les temps, allant du crachin bien humide aux rayons de soleil de la fin de l’automne. Au cours de nos balades à marée basse, nous avons pu nous essayer à la chasse aux crabes, sport pour lequel il a montré un certain savoir-faire, au plus grand plaisir de Charlotte (3 ans).

Normandie

Ce week-end fut aussi un moment de convivialité. Par sa grande souplesse, l’Abbé Félix fut un invité très agréable qui s’est associé en toute simplicité à notre quotidien familial. Des échanges nourris nous ont permis de discuter et de comprendre nos réalités respectives. Son esprit d’analyse et son sens aigu de l’observation nous auront particulièrement marqué. Il était par exemple très content de pouvoir faire la route de retour de jour afin de scruter et d’analyser le paysage.

J-B.

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L'abbé Félix parle de son apostolat à Lulingu

Texte de la Conférence

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Une belle assistance, au premier rang de laquelle Mgr Hudsyn, était venue écouter l'abbé Félix nous parler de sa vie comme Curé de Lulingu. Cette énorme paroisse, isolée au milieu des forêts du Sud-Kivu, où tout est difficulté, où l'élémentaire fait souvent défaut, où la sécurité n'est jamais une certitude... 

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L'abbé Félix nous a redit, avec l'émotion de celui qui l'a vécu, ce périple qui l'a conduit à visiter pour la première fois sa paroisse... Ces 325 km, sans route praticable, parcourus à pied, dans la vraie jungle avec ses dangers, ses rivières à traverser à gué, ses insectes piqueurs er suceurs, ... mais à chaque fois, après l'étape épuisante, cet accueil des chrétiens qui attendaient sa venue... 

On pourra relire sur ce blog (post du 25 juillet) le compte-rendu que l'abbé Félix avait écrit à propos de cette expérience. 

L'abbé Félix nous a aussi dit ses premiers émerveillements et, avec humour, ses premiers étonnements, quelques jours à peine après sa découverte de l'Europe et de la Belgique en particulier.

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La soirée s'est terminée par un dialogue fructueux avec les nombreux intervenants découvrant, souvent, un monde nouveau et fort différent du nôtre. 

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Commentaire : 

Je ne peux rester indifférente à la conférence donnée par l'abbé Félix dans sa mission de pasteur  Je ne peux rester indifférente face aux divers sentiments qui l'animent dans sa difficile mission. 

Je retiendrai, surtout, qu'à travers les épreuves, un sentiment de joie l'habite grâce à l'accueil des jeunes notamment. 

Je prie pour que l'abbé Félix puisse marcher très très longtemps sur le pas de Celui qui le fait vivre et qu'à sa suite une foule de jeunes et de moins jeunes le suive. 

 D'une façon ou d'une autre, marchons auprès des habitants de Lulingu.


Visite de Bruxelles

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En cette journée d'octobre, munis de bonnes chaussures, nous nous mettons en route direction la gare de

Braine-l'Alleud. Nous voulons faire découvrir notre capitale à l'abbé Félix. 

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Coudenberg et Palais Royal

Nous voilà déjà  devant le Coudenberg et son illustre occupant d'alors : Charles Quint.

Nous nous dirigeons ensuite vers le Palais Royal puis vers  la mythique Grand-Place avec ses maisons dorées.

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Grand'Place et Petit-Sablon

Très vite en marchant sur les ronds pavés , nous découvrons d'illustres personnages comme les comtes d'Hegmont et d'Hornes qui nous mènent sur  la  place du Petit-Sablon où trône la belle église Notre-Dame-du-Sablon. Elle a été construite grâce à une légende : celle de Béatrice Soetkens, notre Jeanne d'Arc à nous. 

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Eglise N-D. du Sablon

Des parfums de chocolat et de gaufres à la crème nous mènent vers les rues pittoresques qui entourent la place Sainte-Catherine. 

C'est alors qu'une légère d'odeur marine nous attire vers les restos de poissons qui bordent les quais des anciens bassins. Alléchés, nous nous attablons chez l'un d'eux. 

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Eglise Ste-Catherine

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Maison Bellone

Mais la visite n'est pas finie car il nous faut impérativement voir l'une des plus belles façades de Bruxelles à la maison Bellone, un ancien béguinage. 

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Cathédrale St-Michel et Gudule

La cathédrale Saints-Michel-et-Gudule nous invite à nous recueillir un moment. 

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Gare Centrale

Avant de reprendre le train, nous savourons une boisson chaude dans l'un des cafés typiques du coin car on est en automne quand-même ! 


L'abbé Félix célèbre l'Eucharistie à Braine l'Alleud

Messe du 22 octobre 2017 

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Texte de l'homélie

 

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Première visite à l'église Saint-Étienne 

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Grâce à la maquette, on se retrouve presque à Lulingu... 

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Arrivée de l'abbé Félix Ngongo, curé de Lulingu, en Belgique 

L'abbé Félix Ngongo, venant de Kinshasa, est arrivé à Bruxelles le samedi 21 octobre, tôt matin.
Un petit Comité d'accueil était à Zaventem pour l'accueillir :

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12 septembre 2017

Voyage à Lulingu 2017 - Projection photos et concert

10 septembre 2017

Projection des photos
du voyage 2017 à Lulingu (RDC) 

&
Concert de musique a capella
par l'ensemble
MELTING VOX

 

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Ce fut une bien agréable après-midi passée en l'église Saint-Etienne de Braine l'Alleud : d'abord une projection commentée des photos rapportées cet été de Lulingu par le Père Alain et Mia... Belles images qui sont souvent comme une invitation au voyage... Les (154...) photos sont reprises ici sous forme de diaporama mais peuvent aussi être sélectionnées individuellement dans un port-folio.

 

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PHOTOS EN PORT-FOLIO

 

LULINGU 2017 PHOTOS EN DIAPORAMA

 


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Pano Melting Vox

Ensuite, ce fut l'étonnante rencontre avec le jeune ensemble vocal Melting Vox venu partager la beauté du chant choral en interprétant un magnifique répertoire a capella de compositeurs du XXème et du XXIème siècle, sous la direction de Stefano Poletto. L'acoustique des voûtes de l'église Saint-Etienne convenait particulièrement bien à la mise en valeur des artistes et des oeuvres.

Merci à Melting Vox d'avoir prêté son talent au profit d'un projet au Congo, là où le chant choral est tellement apprécié..., même s'il est, là-bas, quelque peu différent !

Comme le disait très justement la notice de présentation des oeuvres au programme "le grand public ignore souvent combien les compositeurs contemporains poursuivent dignement le travail de leurs ainés en proposant des pièces mélodiques et des harmonies de toute beauté"... En voici un exemple, repris de You Tube :

 

Pour en savoir et en entendre plus =>

http://www.meltingvox.be


 

 

20 juillet 2017

Moment de vie d'un curé de brousse

Moment de vie d’un Curé de brousse, au Congo

par l'Abbé Félix Ngongo, curé des paroisses de Lulingu et de Kigulube

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Les paroisses de Lulingu et de Kigulube dont l’abbé Félix est le curé recouvrent une étendue comparable à celle d’une province belge. L’abbé Félix nous partage dans l’article ci-dessous la visite pastorale qu’il effectua en avril-mai 2017 dans des succursales de sa paroisse pour les festivités pascales. 

« Le sacerdoce, c’est l’amour du cœur de Jésus »           

C’est ainsi que Saint Jean-Marie Vianney, curé d’Ars définit le sacerdoce. Le fait d’être prêtre est pour lui avant tout la manifestation de l’amour de Dieu pour les hommes, amour qui a son origine dans le cœur de Jésus. C’est en aimant le Christ plus que tout que le prêtre peut devenir un bon pasteur : « Un bon pasteur, un pasteur selon le cœur de Dieu, c’est là le plus grand trésor que le bon Dieu puisse accorder à une paroisse, et un des plus précieux dons de la miséricorde divine. » Un saint prêtre est un prêtre selon le cœur de Dieu, c’est-à-dire doux et humble. 

Ce cœur de Jésus se laisse voir à travers les différentes personnes que nous rencontrons. C’est ainsi que je me suis trouvé dans l’obligation, en tant que curé des deux paroisses de Lulingu et de Kigulube, d’aller à la rencontre du cœur de Jésus qui se trouve auprès des fidèles de la périphérie. A la veille de mon voyage et au cours de celui-ci trois sentiments m'ont habité. Je me propose de vous les partager : 

1. LE SENTIMENT D’ANGOISSE. 

Après avoir conçu l’idée d’aller visiter la paroisse de Kigulube pendant les festivités pascales, une délégation de 2 personnes est bel et bien arrivée de Kigulube à Lulingu. Cette dernière a été bien reçue à la cure de Lulingu. Il s’agissait de l’Animateur Pastoral Cosmas MASANGA Bovic  et de Monsieur MATANDIKO KALENGA respectivement vice-président du conseil paroissial de Kigulube et chargé de la préparation aux sacrements.

J'accepte de faire ce pèlerinage avec mes guides pour la circonstance. En me demandant qu’est-ce qui pourrait m'arriver, je suis habité par un sentiment de peur. En effet, tout peut arriver sur la route. Cette angoisse me hante et trouble mon sommeil. Je suis à la veille de mon départ et mille et une questions me viennent à l’esprit. Pourquoi une telle peur en moi ? Les images se suivent, s’accumulent et se ressemblent presque.

Il y a tout d’abord l’insécurité. En cas de maladie, il n’y a pas de routes convenables pour dépêcher quelqu’un afin de me venir en aide, la rencontre probable de Raia Mutomboki, milices qui occupent la forêt, fait également partie des réalités de la route. C'est là aussi une évidence incontournable ! Marcher à pied sur une aussi longue et périlleuse distance, c’est nouveau pour moi mais c’est l’unique moyen de déplacement. Face à toutes ces questions je n'ai pas pu fermer l'œil tandis que les heures de la nuit avançaient progressivement. Malgré tout cela, le souci pastoral est au-dessus de tout. Je dois rencontrer mes paroissiens.

Vie d'un Curé de brousse au Congo_2017_b

C’est ainsi que de grand matin j’ai décidé de m'engager. Je prends mon bâton. Je fais les premier pas, accompagné et pisté par mes deux guides. La route est longue. Il me faut en effet parcourir une distance de 165 km aller et 165 km retour (325 km au total) sans savoir où je me rendais géographiquement parlant. En pleine forêt, les pistes exigent une intelligence. Sans boussole on risque en effet de se retrouver dans un autre endroit.

La première journée était la plus risquée possible étant donné qu’il fallait parcourir une longue distance de 6 heures du matin à 16 heures. Je découvre l’importance de porter un bâton d’appui à la main. Les raisons de son utilité sont multiples mais les plus vraies sont trois :

  • Servir de défense face à tout ce qui peut survenir dans l’incertitude de la forêt. Je pense directement aux serpents et autres animaux indésirables.
  • Servir d’équilibre en cas fatigue et de trébuchement lors de mon déplacement.
  • Servir d’appui lors de grandes montées sur les collines afin de ne pas s’essouffler trop rapidement 

2. L’ESSOUFLEMENT

L'essoufflement vient avec la longueur de la distance à parcourir à pied. Pour ne pas me décourager, les chrétiens m’ont caché le vrai kilométrage d’un village à l’autre, d’une forêt à l’autre. Dans ce voyage à pied la vitesse est très lente, il faut une heure pour faire 5 km. En faisant 30 à 35 km par jour mes pieds commencent à gonfler et demandent l’abandon. On me transporte sur le dos ou on me tient à la main pour me faire traverser les rivières à pied. Quelques fois aussi certains chrétiens, non habitués à la vie des prêtres, ne savent pas préparer quelque chose à me mettre sous la dent. Il m’arrive ainsi de passer plusieurs villages sans trouver même des fruits comme des ananas, papayes, oranges, mandarines, cannes à sucre. C'est essoufflant !

Un autre aspect qui décourage, c’est l’incompréhension de certains chrétiens et même de certains responsables des communautés ecclésiales vivantes (CEV). Je m’explique :

En l’absence d’un prêtre présent en permanence, la tendance protestante gagne certaines âmes, d’autres veulent s’approprier le prêtre pour qu’il soit seulement à leur service au risque de créer des conflits avec les autres chrétiens qui n’ont pas eu la grâce de le loger dans leur communauté ecclésiale vivante (CEV). Cette incompréhension vient surtout du fait que les chrétiens catholiques côtoient des pasteurs protestants qui sont permanents tandis que nous les prêtres, au vu de l’immensité territoriale de la paroisse, nous ne sommes que de passage. Nos paroissiens sont ainsi influencés par la façon dont les initiatives et les décisions sont prises chez les protestants ce qui, pire encore, engendre de la résistance face à certaines décisions prises par le prêtre. Les responsables des communautés ont du mal à accueillir la hiérarchie de l’Eglise vu qu’ils sont habitués à commander depuis bien longtemps (20 ans, 25 ans, 30 ans pour les plus anciens…)

3. LE SENTIMENT DE JOIE.

Le sentiment de joie et de bonheur habite en moi surtout quand je regarde l’engagement des jeunes qui m’accompagnent de village en village pour assurer ma sécurité et surtout pour m’encourager à venir plusieurs fois en visite chez eux, malgré et au-delà de la souffrance que je rencontre en cours de route. Ils souhaitent en fait que je partage leurs souffrances et surtout que je me présente partout comme ambassadeur du Christ.

Ma joie est encore grande quand je vois les nombreux enfants qui font les pieds pour venir à la célébration eucharistique et pour recevoir les différents sacrements.

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Dans la souffrance comme dans la joie, Jésus est avec nous comme il a toujours été avec les disciples d’Emmaüs (cfr. Luc 24). Cette route d’Emmaüs que mes chrétiens de Lulingu, Kigulube et Mulungu et moi empruntons sans le savoir devient ainsi le symbole de notre chemin de foi : les Écritures et l’Eucharistie au service desquelles j’effectue ces voyages sont les éléments indispensables à la rencontre avec le Seigneur. 

Ces chrétiens arrivent souvent à la messe avec leurs préoccupations, leurs difficultés et leurs découragements, leurs demandes de sacrements, leurs déceptions. Ils sont blessés par les réalités de la vie. Ils sont traumatisés. Ils vont vers leur « Emmaüs », parlant entre eux de tout ce qui s’était passé, tournant le dos aux desseins de Dieu. Mais les messes que je célèbre pour eux, commençant par la liturgie de la Parole et culminant par l'Eucharistie, rallument dans leurs cœurs la chaleur de la foi et de l’espérance. Et dans la communion, Jésus-Christ nous donne à tous la force.

Faisant mienne cette parole de Saint Jean-Marie Vianney : « le sacerdoce c’est l’amour du cœur de Jésus » une conviction m'habite : Jésus se laisse voir à travers les différentes personnes que nous rencontrons et à qui nous demandons de l’écouter pour rendre notre foi plus forte.

Regardons Jésus, pour préparer nos yeux à la belle vision de son visage, où nous tous (puisse le Seigneur nous en donner la grâce), nous nous retrouverons pour une messe sans fin. Accueillons le Christ et son Evangile, laissons-nous éclairer par lui, tout cela ne peut que changer notre vie !

 

Abbé Félix Ngongo, curé des paroisses de Lulingu et de Kigulube.


 

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